Saint-Pierre-Azif reçoit les Rubans du Patrimoine
Vendredi 8 décembre 2023, la commune de Saint-Pierre-Azif a reçu officiellement le Prix Départemental des Rubans du Patrimoine, obtenu en juin dernier pour les travaux de rénovation de son église musée, classée aux Monuments historiques depuis 1926. Ce concours distingue et récompense des communes et intercommunalités ayant réalisé des opérations de rénovation ou de mise en valeur de leur patrimoine bâti. Cette restauration et sa valorisation de l'église Saint-Pierre participent au souhait de la municipalité d'étendre l'attractivité culturelle et touristique du village. Des projets d’animations sont désormais à l'étude.
Un projet ambitieux mais indispensable
C'est l'Atelier Saint-Benoît qui posera le diagnostique en 2014 : charpente déformée, érosion, gel, remontées capillaires, fuites de la couverture, l'usure du temps menace gravement l'avenir de l'église. Le travail à accomplir est colossal et son coût inabordable pour une commune de moins de 200 habitants. C'est dans ce contexte que se créée l'association des Amis de l'église. Il s'ensuit alors quatre années de recherche de financements et de constitution de dossiers administratifs, mené de front par Françoise Lefranc, Maire de Saint-Pierre-Azif, très investie avec son équipe municipale, et activement soutenue par les habitants de la commune. En 2019, les oeuvres d'art sont mises en sécurité (neuf tableaux de peintres de l'école flamande, des pièces remarquables de l’art religieux ancien ou moderne...), les travaux peuvent démarrer.
La rénovation, véritable travail d'orfèvre
Xavier d'Alençon, architecte de L'Atelier Saint-Benoît, s'est occupé des travaux de rénovation avec le savoir-faire des différents corps de métier des Compagnons du Devoir et du Tour de France. Pendant deux ans, ils se relaient à l'ouvrage, faisant bon usage des savoirs ancestraux qui leur ont été transmis pour réhabiliter sans détruire et restaurer sans trahir. C'est tout un art !
Il faut refaire les couvertures de l'édifice et commencer par la plus haute, celle de la tour lombarde et ses 18 000 ardoises. La réfection des voûtes de la nef et de la sacristie a été réalisée en merrains de châtaigner. Là encore les Compagnons font preuve d'excellence en installant 4500 merrains avec 60 000 clous. Les appuis et la charpente ont été totalement révisés. Le bois, les fissures des murs, les voûtes du choeur ont été traités pour nettoyer, colmater, remplacer et sécuriser l'édifice érodé par les intempéries. Les tailleurs de pierre doivent égaler le travail des bâtisseurs de cathédrales pour que les nouvelles tailles se fondent dans l'édifice.
Deux vitraux ont également été rénovés : celui de Saint-Pierre et celui de la Pêche miraculeuse. La rénovation des vitraux a permis de les identifier : ils viennent de l'atelier d'Henri Mazuet à Reims, un célèbre peintre verrier normand. Il a également été trouvé que certaines parties vitrées seraient plus anciennes et dateraient de la fin du XVe siècle.
Les habitants sont conviés à fêter la renaissance de leur église pour l'inauguration officielle, le 25 juin 2022. C'est toute une communauté qui reprend possession, avec émotion, de son patrimoine, évoquant de futures célébrations, baptême et mariage.
Un concours qui valorise la richesse du patrimoine bâti
Un patrimoine précieux, témoin des siècles passés
L'architecture de l'église Saint-Pierre date de trois époques !
Le XIIe siècle pour le choeur, ancienne chapelle seigneuriale ; pour la tour lombarde-clocher, s'élevant en avant-corps. Cette dernière est percée d'un large porche menant à une double porte renaissance. Le trumeau central est ornée de deux statues de pierre.
La fin du XVe siecle pour la nef, dont la charpente semble être une coque de navire inversée, éclairée par huit fenêtres lumineuses.
Le XVIIe siècle pour la sacristie hexagonale, dont les ouvertures sont largement ébrasées.
La nef en bois, en forme de coque de navire inversée, abrite neuf tableaux de peintres de l'école flamande issus de la collection de Jean-Pierre Le Chanteur, grand voyageur et amateur d'art avisé. Né à Saint-Pierre-Azif en 1760, ce secrétaire de marine collectionna des tableaux de maîtres flamands pendant sa carrière à Anvers. Les tableaux :
- Adoration des mages : peinture sur bois, copie d’après la gravure par Lucas Vosterman du tableau de Rubens gardé dans l’église de Saint Jean de Malines en Belgique.
- Saint Jérôme écrivant : huile sur toile vers 1620-1630 (courant caravagesque flamand).
- Christ rencontrant sa mère : attribué à Jacob Jordaens huile sur toile vers 1650.
- Glorification de la Vierge : entourage d’Erasme Quellin collaborateur important de Rubens (1607-1678) huile sur toile
- Jésus servi par les anges : auteur inconnu
- Triptyque - Adoration des Mages, Circoncision, Nativité : auteur anonyme, huile sur bois XVIe siècle. Longtemps attribué à tort à Lucas de Leyde.
- La Crucifixion : attribuée à Gillis Baeckereel (1572-av. 1662), grande toile représentant le Christ en croix.
- De chaque côté du choeur, deux Béguines de Jean Van Cleef (1646-1716).
Outre l’étonnante cette étonnante collection, l’église abrite également des pièces remarquables de l’art religieux ancien ou moderne, tels que le chemin de croix en relief de 1887, des statues et un gisant du XIVe siècle.