KEES VAN DONGEN
Peintre
Le "roi" des Planches
Né en Hollande, Kees Van Dongen, s’établit définitivement à Paris en 1900. En 1905, ami de Derain et Vlaminck, il partage l’aventure des peintres Fauves. Il s’installe à Montmartre au Bateau-Lavoir et rejoint la bande à Picasso aux côtés de Salmon, Apollinaire, Dorgelès et Mac Orlan. Ses portraits le rendent célèbre et déclenchent de nombreuses commandes. Venu une première fois en Normandie 1913 sur les traces de Jongkind, peintre précurseur de l’impressionnisme, et hollandais comme lui, Van Dongen sera à partir de 1919 invité chaque été à Deauville au Normandy, par Eugène Cornuché, puis par François André, tous deux directeurs des hôtels et du Casino de Deauville.
Van Dongen et Deauville vont s’adopter mutuellement et dès octobre 1920, l’artiste expose dans son atelier parisien situé Villa Saïd, vingt-quatre toiles réalisées à Deauville. Les baigneuses et les élégantes en chapeaux sont en phase avec son univers. Autres motifs : le Grand Prix, les joueurs aux tables de jeux et nombre de scènes de plage où les robes et drapeaux claquent au vent.
En 1920 toujours, il signe avec le couturier Paul Poiret, un livre sobrement intitulé Deauville. Paul Poiret écrit les textes, tandis que Van Dongen illustre avec un ensemble d’aquarelles représentant le casino, La Potinière, les courses, la plage et ses élégantes. Deauville, livre très recherché aujourd’hui par les bibliophiles, paraîtra en 1931, enrichi d’une seconde série d’aquarelles réalisée en 1929. En mars 1921, Van Dongen témoigne une nouvelle fois de son regard sur Deauville en exposant à la galerie Bernheim- Jeune, vingt quatre toiles.
Chaque été, sur les Planches, sur la plage, au Casino, sa longue silhouette est reconnaissable parmi les célébrités qui font l’image et l’animation de Deauville. Épicurien, grisé par le succès, Van Dongen participe aux bals et événements de la saison estivale. Il réalise plusieurs affiches et couvertures de livres consacrés à Deauville.
Après la guerre, en 1947, il retrouve Deauville où il redevient le Roi des Planches. On le retrouve, régulièrement photographié dans les magazines grand public. En 1955, il réalise une affiche pour Le gala blanc. Au début des années 60, à plus de 80 ans, Van Dongen revient chaque été à Deauville en prenant pension à l’Hôtel Normandy, où son nom figure sur les registres jusqu’en 1963. Devenu, citoyen d’honneur de la Ville de Deauville, il rejoint le comité d’organisation du centenaire de Deauville célébré en 1961, dont il réalise l'affiche.
En juin 2019, en écho aux nombreuses oeuvres que Van Dongen lui a consacré, la Ville de Deauville a dévoilé sur les Planches une plaque patrimoniale lui rendant hommage. L’ouverture des Franciscaines en mai 2021 a permis, grâce à la généreuse donation de Nicole Hambourg, épouse du peintre André Hambourg, d’intégrer trois oeuvres de Van Dongen dans les collections permanentes.
Soixante ans après son dernier séjour à Deauville, en 2022, grâce aux prêts de musées et collectionneurs privés, Les Franciscaines rassemble un ensemble inédit d’oeuvres de l’artiste emblématique du fauvisme. Soixante toiles et plus d’une quarantaine d’oeuvres sur papier témoignent, le temps de cette exposition, de ce qui demeure, la plus inspirée et la plus longue complicité d’un peintre avec Deauville.
Van Dongen c’est le lent nonchalant aux yeux pétillants. Si je le baptisais je l’appellerais « Zigomar » ou « Glouglou »…
Jacques Henri Lartigue, journal, février 1923
Au Havre, un armateur d’origine hollandaise désirait que je fasse son portrait. Je suis allé chez lui, j’ai brossé son portrait puis je suis allé me promener sur la côte, qui était très jolie, à Honfleur, à Trouville. Deauville m’allait comme un gant. J’y retrouvais ma clientèle et ça ressemblait à la Hollande. A cause de la lumière.
Van Dongen.
Entretien avec Henri Perruchot, Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 7 août 1958